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Interview exclusive – Jean-Baptiste Aldigé, Président du Biarritz Olympique

Le Président du Biarritz Olympique, Jean-Baptiste Aldigé a accordé à NA Sport un entretien exclusif pour revenir sur la saison écoulée en Top 14, la relégation et les objectifs à venir. Ce dernier en a profité pour pousser un énorme coup de gueule contre sa municipalité.

Comment expliquez-vous cette saison compliquée du BO ?

« Biarritz n’a absolument pas sa place dans ce Top 14 en termes de structures professionnelles »

On est heureux d’avoir été en Top 14. Monter en ayant le 6e ou 7e budget de Pro D2 était déjà un exploit formidable. On était le petit poucet, on a fait comme on pouvait avec nos armes et nos valeurs en ne lâchant rien. On a pris ça comme une aventure, un temps de passage dans une ligue qui est extraordinaire avec un niveau de rugby exceptionnel. Biarritz n’a absolument pas sa place dans ce Top 14 en termes de structures professionnelles. C’était juste une expérience qui ne nous rend pas malheureux. On est malheureux quand on ne réussit pas à atteindre les objectifs, nous notre seul objectif était de monter en Top 14 et il est atteint. En septembre, on avait dit aux joueurs de ne rien lâcher, de faire preuve d’enthousiasme. On était dans la peau du petit poucet qui prend chaque match comme un tour de Coupe de France. On avait le plus petit budget de l’histoire de la première division depuis que les droits TV ont augmenté. Avec 12 millions d’euros, notre budget était par exemple inférieur à celui d’Agen la saison dernière.

Le bilan est donc positif ?

« La montée en Top 14 a permis de mettre au grand jour les mensonges de cette municipalité »

Il y a eu des beaux matches, on a aussi pris des « branlées » mais cette saison a fait éclore des tas de joueurs qu’ils soient jeunes ou revanchards. On a montré que le club a un vrai savoir-faire. La mairie de Biarritz nous avait dit que si on montait elle nous donnerait les moyens de continuer à performer. La montée en Top 14 a permis de mettre au grand jour les mensonges de cette municipalité. Les 20 dernières années, le message de la mairie était clair, il fallait commencer par avoir des résultats pour avoir des moyens. Pour eux, c’était déjà exceptionnel que l’on accepte cette situation que ce soit moi ou Serge Blanco et Nicolas Brusque. C’est comme si vous en tant que journaliste, votre patron vous disait : « Commencez à écrire de bons articles et ensuite vous aurez un ordinateur. » Nous on a commencé à écrire des articles sans ordinateur et un jour on a réussi à en pondre un bon. Là on nous dit : « bravo pour votre article mais vous n’aurez toujours pas d’ordinateur. »

La situation peut-elle évoluer ?

« On nous a même coupé l’eau chaude et l’électricité »

Ce sera pareil, voire pire ! Depuis on nous a même coupé l’eau chaude et l’électricité. Donc ce sera pire. L’avantage c’est que les masques tombent. À la municipalité la mode c’était de finir toutes ses phrases par « Aupa BO » (en basque, Allez le BO). Ils vous servaient le sel à table, ils disaient « Aupa BO ». Avec la montée, on a mis tout le monde face à ses responsabilités et rien. Cette année, je n’ai eu aucune subvention publique ni aucun sponsoring de la part de la mairie, zéro tout rond.

Vous arrivez quand même dans ces conditions à préparer la saison prochaine ?

On travaille en permanence pour regarder ce que l’on peut faire de mieux avec les moyens que l’on a. Moi je n’ai pas de moyens donc l’objectif va rester le même à savoir faire mieux que les moyens que j’ai. Si demain, j’ai le quarantième budget français et bien j’essaierais d’être 39e. On fera encore confiance aux jeunes. On a sorti 14 jeunes sur les 3 dernières années dont 8 ou 10 qui jouaient tous les matches cette saison en Top 14. On est le deuxième club de l’hexagone dans ce domaine derrière le Stade Toulousain.

L’objectif n’est donc pas de remonter en Top 14 dans un an ?

Maintenant il faut arrêter les rêves de grandeur et les « conneries ». C’est du populisme ! On vend aux gens le résultat sportif à court terme mais on oublie tout le temps d’expliquer aux supporters comment ça marche. C’est comme quand vous allez au restaurant et que vous voulez manger du caviar, personne ne vous explique d’où ça vient, comment ça se produit, le coût de transport et comment c’est cuisiné. Et après il y a des gens qui gueulent en disant que c’est trop cher. Les 3 dernières années j’ai continué à Biarritz à servir du caviar aux gens en renonçant et c’est de ma faute à expliquer comment on produit le caviar. Le BO des années 2000 gagne des championnats, c’est du caviar mais qui est produit et payé par Serge Kampf (créateur de Capgemini). Du coup les gens se sont habitués sans se poser la question de comment ça marchait. Sauf que le jour où tout s’est arrêté, les gens ont continué à vouloir manger du caviar. Dans les années 2000, le bon caviar coûtait 15 millions d’euros de budget. Aujourd’hui, le bon caviar il coûte 40. Ce n’est pas pareil !

Un mot sur Serge Blanco qui a été sorti de l’association.

« On ne peut pas savoir où on veut aller quand on ne sait plus d’où vient »

Moi vous savez on me connaît avec la réputation de mec qui est fou mais il y a un truc que je n’aurais jamais fait c’est de virer Serge Blanco du BO. Virer Philippe Sella d’Agen, virer Serge Blanco du BO, il y a quand même des mecs au sommet de la débilité. S’il y a un club de rugby professionnel aujourd’hui à Biarritz, c’est grâce à Serge Blanco. Ces imbéciles arrivent à virer un tel monument du BO, on est chez les fous. On ne peut pas savoir où on veut aller quand on ne sait plus d’où vient.

Crédit photos – NA Media

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