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Bernard de Pressach : “J’ai eu une vie de rêve”

Résident rochelais Bernard de Pressach a eu une vie formidable. Du Fouquet’s dont il a été directeur au chalet de son ami Roger Moore à Gstaad, en passant par les soirées en compagnie de Bruce Willis ou de Régine, il faudrait plus d’un livre pour raconter tout ce qu’a vécu le natif de Franche-Comté. C’est ce qu’il fait dans son livre, C’était une époque bénie, paru en décembre 2021 aux éditions Les Impliqués. A cette occasion, il nous a accordé un entretien:  coup d’oeil en détail sur certaines des personnalités qu’il a croisé au cours de sa vie.

M. De Pressach vous avez eu mille vies, s’il fallait vous résumer en quelques phrases, qu’est-ce que vous diriez ? Comment ce parcours incroyable a-t-il débuté ?

“Je dirais que j’ai eu une vie extraordinaire, à laquelle je ne m’attendais pas du tout parce que je n’y étais pas prédestiné. Mes parents auraient voulu que je sois avocat, mais ça ne me plaisait pas. À la fac j’ai pris des cours de relations publiques, puis je suis parti dans une école d’attaché de presse, et puis je suis rentré dans un magazine de luxe à Paris qui s’appelait “l’art et la mode”. J’ai été tout de suite happé par ce monde-là. Le show-business, ça me plaisait beaucoup. Et puis un jour mon boss me dit: “Écoute, le service de pub n’arrive pas à atteindre un joailler très haut de gamme, nous faisons un numéro spécial haute joaillerie, il a des bijoux extraordinaires, est-ce que tu veux bien y aller ?”. Moi j’ai dit non, c’est pas mon métier, mais comme il insistait, j’ai fini par y aller. Je vais à la maison de pub, je rencontre le type qui s’occupe de ce joaillier, et je réussis à le convaincre de me faire rencontrer Monsieur Gérard. Je déjeune avec Monsieur Gérard au Plaza Athénée, et puis à un moment, il me dit “est-ce que ça vous plairait de venir voir ma première exposition à Lausanne?”. Je dis oui bien sûr, il me dit je vous ferai parvenir les billets d’avion. Et je lui dis “le billet c’est quelle classe?”, il me dit “pourquoi vous posez cette question ?”, et je lui ai dit “et bien je veux voyager en première classe, puisqu’en deuxième classe je ne ferai pas de relations.” Et c’est cette phrase qui a fait qu’il m’a engagé. Et à partir de là je suis parti dans un tourbillon complètement démentiel, j’ai fait plusieurs fois le tour du monde, j’ai organisé des fêtes avec les plus grands, et j’ai mené une vie extraordinaire…”

“J’ai connu des gens incroyables”

Vincente Minelli, Rita Hayworth, Joséphine Baker, Ava Gardner, la famille Barrière, Michèle Laroque,… les personnalités avec qui Bernard de Pressach a partagé un cocktail lors d’une soirée pour les uns, tissé une amitié sincère pour les autres, sont innombrables. Il nous raconte des anecdotes sur son histoire avec quatre d’entre elles.

Grace de Monaco

“Un jour j’ai demandé à la princesse Grace, à qui j’avais déjà demandé beaucoup de choses, de faire enlever les fauteuils de l’opéra. Elle me dit “mais vous n’y arriverez pas, ce n’est pas possible !”, je lui dis “si, si, on les remettra !” et elle me l’a accordé. Ce qui fait que ça m’a permis d’inviter tout le haut du panier de cette époque. Y’avait la police, y’avait les CRS… Monaco était fermé ! Pardon de ma prétention mais j’ai fait un truc qui ne s’était jamais fait !”

Shirley Bassey

“J’ai chanté aussi ! J’ai fait plusieurs disques ! Et donc une fois mon boss m’avait demandé d’impressionner ses clients lors d’une soirée. Je lui ai dit “j’ai une idée, mais tu ne me poses pas de questions”. Et alors j’ai repris des cours de chant et de danse pendant six mois. Le dîner arrive, tout le monde était là, et je stressais ! Et j’avais une grande amie avec qui je suis très lié encore, comme une soeur pour moi, c’est Shirley Bassey. Et elle m’a dit, “je vais venir pour t’encourager”. Elle a pris un avion privé pour venir, elle m’a dit “t’inquiètes pas, tu t’en fous, t’es toi et puis c’est tout, ça va bien se passer”, elle m’a vraiment regonflé ! Et puis je suis arrivé sur scène, et j’ai fait un malheur ! Mais un malheur ! Ce qui fait que je me suis pris au jeu, et après ça j’ai continué à faire quelques disques. J’ai fait quelques galas pour Mère Térésa, j’ai fait un boeuf avec Bruce Willis…”

Bruce Willis

“Un jour il est venu [au Fouquet’s], il avait pas le moral parce qu’il avait quitté sa femme, Demi Moore, mais il en était encore amoureux. Et il arrive avec une starlette, Maria Bravo,  et les Gypsy King ! Et alors il commence à chanter, il parle français, et il connaît toutes les chansons de Charles Trénet par coeur ! Et alors on a commencé à monter sur les tables pour danser, si bien que les clients ont commencé à faire la même chose, si bien que les gens à l’extérieur ont commencé à se demander ce qu’il se passait ! 

Et après, avec Bruce Willis, les Gypsy King et caetera, on est allé chez Régine. Alors je sonne chez Régine, mais je lui ai pas dit avec qui je venais ! Parce que Régine, elle avait un truc, c’est que si vous lui disiez ‘je viens avec Jésus’, elle appelait tous les photographes ! Et Bruce, lui, il m’avait dit “on va chez Régine mais pas de photo.”

Roger Moore

“J’étais très très ami avec Roger Moore. Et Tony Curtis. Et un jour j’étais avec Roger Moore dans son châlet à Gstaad en Suisse et il me dit “demain on va skier, tu viens ?”. J’ai dit oui, s’il fait beau. Il faisait beau. On y va, on déjeune à l’Eagle Club, et puis on part skier. On prend la piste noire, lui était avec son moniteur, je descends, je me retourne et puis… on voyait qu’il ne savait pas skier ! [rires.] La bleue c’était vraiment le maximum pour lui ! Alors arrivé en bas je lui dis “mais dis donc, dans le film… je sais plus le nom… (n.d.l.r. L’espion qui m’aimait) c’est pas toi qui skiait !” et il me dit “non c’était lui, c’était le moniteur !”.

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